Avez-vous déjà entendu l'expression "larmes de crocodile"? Probablement. Verser des larmes de crocodile signifie pleurer de manière hypocrite pour émouvoir son entourage, se plaindre d'un mal pour tromper autrui et obtenir quelque chose en retour. L'expression est venu d'une croyance selon laquelle le crocodile verserait des larmes lorsqu'il mange sa proie.
Mythe ou réalité ? Des chercheurs ont établi que les glandes lacrymales de certains crocodiles présentent les mêmes circuits neuromoteurs que leurs glandes salivaires et gastriques. Ainsi, lors du repas, la salivation s’activerait en même temps que les larmes (1).
Cela fait penser à ces scènes de cinéma où des criminels en tuant leurs victimes, pleurent en même temps comme pour regretter. Un peu bizarre le phénomène, car si on regrette vraiment son geste, on ne le continue pas !
Malheureusement, ce n'est pas que dans le cinéma que vous voyez cette attitude. Dans notre rapport avec Dieu, nous faisons pareil. D'ailleurs la première attestation de l'expression "larmes de crocodile" au sens où on l’entend aujourd’hui, daterait du IVe siècle dans un sermon du théologien Asterios le Sophiste qui encouragerait le chrétien en carême à se conduire comme un crocodile repentant, à imiter « les crocodiles du Nil qui, paraît-il, se lamentent sur la tête des hommes qu’ils ont dévorés et pleurent sur leur crime. »
Tout ce que Dieu a créé est bon, y compris les larmes. Elles sont là pour hydrater nos yeux (larmes permanentes), les protéger en évacuant les corps étrangers par exemples (larmes réflexe). Mais la larme joue également un rôle dans l'expression des émotions du cœur. Il peut s'agir de tristesse ou de joie. On parle ici de larmes émotionnelles. Dieu nous a donné ici un excellent moyen d'évacuer ce qu'il y a en nous. Raison pour laquelle il ne faut pas se priver de pleurer quand on en ressent le besoin.
Seulement, la nature déchue a tellement perverti les choses que l'homme réussit à faire couler des larmes qui ne traduisent pas la réalité de ses émotions, ou à l'inverse feint de n'en n'avoir pas alors que son cœur en est plein.
Mais nous mettrons l'accent cette fois-ci sur les pleurs hypocrites.
Saül voulait tuer David, et la cavale de ce dernier avait duré des années. On peut donc imaginer l'acharnement de Saül. A deux reprises, David avait eu la possibilité de se venger, mais il ne l'a pas fait.
1/ D'abord à la montagne d'En-Guedi.
Saül et David se sont retrouvés dans la même caverne, et David avait coupé le pan du manteau de Saül (il s'en était repenti aussitôt après). David interpella ensuite Saül en lui faisant remarquer qu'il avait eu la possibilité de se venger de lui, mais par crainte de Dieu le seul juge, il ne l'avait pas fait. Voici la réaction de Saül:
1 Samuel 24 v. 17-19:
"17Quand David eut fini de parler ainsi à Saül, celui-ci lui dit :
—Est-ce bien toi qui me parles, mon fils David ?
Et il se mit à pleurer à chaudes larmes.18Puis il lui dit :
—Tu es plus juste que moi, tu m’as traité avec bonté, alors que moi je t’ai fait du mal.
19Tu viens de montrer aujourd’hui que tu agis avec bonté envers moi, puisque l’Eternel m’avait livré en ton pouvoir et que tu ne m’as pas tué.(…)
21Maintenant, tu vois, je sais que tu seras certainement roi un jour et que le royaume d’Israël sera stable sous ton autorité."
Dans ses propos, le roi semble reconnaître ses torts, et pleure même "de repentance" devant celui qu'il poursuivait à mort, et finalement il s'en va (2 Samuel 24: 23). Tout porte donc à croire qu'il avait compris la leçon (les larmes, la confession, les paroles de bénédiction sur son ennemi). Saül semble reconnaître qu'il ne sert à rien de lutter contre Dieu. Il avait beaucoup pleuré, visiblement "de regret", parce que l'amertume de sa méchanceté avait été exposée en public.
2/Puis dans le désert de Ziph.
Cependant, plus tard dans 1 Samuel 26, nous lisons ceci:
" 1Les gens de Ziph se rendirent encore auprès de Saül à Guibea pour lui dire :
—Sais-tu que David est caché dans les collines de Hakila, à la lisière du désert ?
2Saül partit et se rendit au désert de Ziph avec trois mille hommes d’élite d’Israël pour y traquer David.
3Il établit son camp dans les collines de Hakila, à la lisière du désert, près de la route. David séjournait au désert et il s’aperçut que Saül était venu le poursuivre là."
À la prochaine occasion, Saül se remet à poursuivre David pour le tuer!
Et une fois de plus, David avait eu l'occasion de se venger, mais il n'avait fait que prendre sa lance et sa cruche pendant que Saül et son armée dormaient.
2 Samuel 26 v. 11-12:
"11Que l’Eternel me garde de porter la main sur celui qui a reçu l’onction de la part de l’Eternel ! Prenons seulement la lance qui est à son chevet et la cruche d’eau, et allons-nous-en.
12David enleva la lance et la cruche d’eau qui étaient au chevet de Saül, et ils partirent. Personne ne les vit, personne ne s’aperçut de rien, personne ne se réveilla, tous dormaient, car l’Eternel avait fait tomber sur eux un profond sommeil."
Le même scénario d'En-Guedi recommence. David fait découvrir à Saül qu'il lui a épargné la vie et Saül semble se repentir, et bénir de nouveau David:
2 Samuel 26 v. 21 et 25:
" 21Alors Saül s’écria :
—J’ai commis une faute, reviens, mon fils David, je ne te ferai plus de mal, puisque cette nuit tu as épargné ma vie. J’ai agi comme un *insensé et j’ai commis une grave erreur.25Alors Saül reprit :
—Sois béni, mon fils David ! Certainement tu accompliras beaucoup de choses et tu réussiras tout ce que tu entreprendras.
Puis David reprit son chemin, tandis que Saül retourna chez lui."
Plus tard, Saül va consulter une pythonisse (une femme qui fait de la voyance), alors que lui-même avait interdit sous ordre de Dieu, ce genre de pratique en Israël.
En fin de compte, les larmes de repentance du roi Saül étaient fausses. Il avait beaucoup pleuré, mais au fond de lui, il ne voulait pas changer. Il faisait semblant de s'humilier devant Dieu. Il disait devant tous qu'il reconnaît l'onction divine sur la main de David, mais en même temps il voulait éteindre l'éclat de cette onction. Or si justement Dieu lui avait arraché la royauté, c'était à cause de son hypocrisie. Saül avait cette iniquité dans le cœur depuis longtemps : double face; il avait tendance à pleurer, à supplier, à faire semblant de se repentir, mais en réalité, c'était pour tromper, pour calmer les ardeurs, et qu'on cesse de l'exposer. Il avait déjà agit de la sorte avec le prophète Samuel lorsque celui-ci le reprenait par rapport à sa désobéissance.
2 Samuel15 v. 24-31:
"24Alors Saül dit à Samuel: J'ai péché, car j'ai transgressé l'ordre de l'Eternel, et je n'ai pas obéi à tes paroles; je craignais le peuple, et j'ai écouté sa voix. 25Maintenant, je te prie, pardonne mon péché, reviens avec moi, et je me prosternerai devant l'Eternel. 26Samuel dit à Saül: Je ne retournerai point avec toi; car tu as rejeté la parole de l'Eternel, et l'Eternel te rejette, afin que tu ne sois plus roi sur Israël. 27Et comme Samuel se tournait pour s'en aller, Saül le saisit par le pan de son manteau, qui se déchira. 28Samuel lui dit: L'Eternel déchire aujourd'hui de dessus toi la royauté d'Israël, et il la donne à un autre, qui est meilleur que toi. 29Celui qui est la force d'Israël ne ment point et ne se repent point, car il n'est pas un homme pour se repentir. 30Saül dit encore: J'ai péché! Maintenant, je te prie, honore-moi en présence des anciens de mon peuple et en présence d'Israël; reviens avec moi, et je me prosternerai devant l'Eternel, ton Dieu. 31Samuel retourna et suivit Saül, et Saül se prosterna devant l'Eternel."
Mais Samuel n'a pas été dupe. Il était bien conscient qu'il s'agissait de larmes de crocodile, et que Saül était capable de lui faire du mal, malgré ses" pleurs de repentance". Aussi, lorsque Dieu lui ordonna d'aller oindre David à la place de Saül, "Samuel dit: Comment irai-je? Saül l’apprendra, et il me tuera. […]"(1 Samuel 16 v. 2). Le prophète Samuel était donc bien conscient que Saül était faux, en dépit de "ses pleurs".
Saül n'avait pas donné à ses larmes la bonne orientation : la sincère repentance. Lorsque Dieu nous reprend, il ne fait aucun tord même si sa correction cause de la tristesse, pour la simple raison que cette tristesse nous amène à ses pieds. Ainsi, les larmes de tristesse ne sont pas une fin en soi, mais c'est plutôt le changement d'attitude qui s'en suit qui est la véritable finalité. De cette manière, si le changement d'attitude fait défaut, les larmes auront été fausses. Ce sont des larmes de crocodile. C'est de l'hypocrisie. Il ne faut pas pleurer pour pleurer, mais il faut pleurer pour changer réellement. Nous affectons ainsi les larmes émotionnelles à leurs véritables fonctions. Il n'y a donc aucun regret à avoir dans les remontrances qui conduisent au salut, car notre âme a une grande valeur devant Dieu.
2 Corinthiens 7-11:
"7Ce n’est pas seulement sa venue qui nous a réconfortés, mais aussi le réconfort qu’il avait reçu de vous. Il nous a fait part de votre ardent désir de me revoir, de votre profonde tristesse, de votre dévouement à mon égard. Et tout cela n’a fait qu’augmenter ma joie.
8C’est pourquoi, si je vous ai causé de la peine par ma précédente lettre, je ne le regrette pas. Certes, je l’ai d’abord regretté en voyant combien elle vous a attristés sur le moment.
9Mais maintenant je me réjouis, non pas de votre tristesse, mais de ce que cette tristesse vous ait amenés à changer d’attitude. Car la tristesse que vous avez éprouvée était bonne aux yeux de Dieu, si bien qu’en fait nous ne vous avons causé aucun tort.
10En effet, la tristesse qui est bonne aux yeux de Dieu produit un changement d’attitude qui conduit au salut et qu’on ne regrette pas. La tristesse du monde, elle, produit la mort.
11Cette tristesse qui est bonne aux yeux de Dieu, voyez quel empressement elle a produit en vous : quelles excuses vous avez présentées, quelle indignation vous avez manifestée, et quelle crainte, quel ardent désir de me revoir, quel zèle, quelle détermination à punir le mal ! Par toute votre attitude, vous avez prouvé que vous étiez innocents en cette affaire."
Cher (e) ami (e), quelle orientation donnes-tu à tes larmes ? Sont-ce des larmes de crocodile ? Ou veux-tu vraiment changer d'attitude ?
Psaume 51 v. 17 :" Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c'est un esprit brisé: O Dieu! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit."
Dieu t'aime vraiment et il sera patient avec toi jusqu'au bout.
Prière
Père, aide-moi par ton Saint-Esprit à me repentir réellement . Je veux verser des larmes sincères devant Toi. Au nom de Jésus-Christ. Amen.
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