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OBEISSANCE DE FILS OU OBEISSANCE D’ESCLAVE ?

Après avoir quitté Jérusalem pour s’installer à Moab, Naomie plonge dans l’amertume, elle qui vient de perdre son mari et ses deux fils. Il ne lui reste plus que ses deux belles-filles, Orpa et Ruth qui avaient épousé ses fils. Naomie décide, sûrement dans le désespoir, de renvoyer les deux femmes chez elle pour retourner en Israël.

Ruth 1 v. 8-13 : Noémi dit alors à ses deux belles-filles : « 8(…) Allez, retournez chacune à la maison de sa mère ! Que l’Éternel use de bienveillance avec vous, comme vous l’avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi.9Que l’Éternel vous donne à chacune de trouver du repos dans la maison d’un mari ! Elle les embrassa. Elles se mirent à sangloter ;10et elles lui dirent : (Non), nous irons avec toi vers ton peuple. 
11Noémi dit : Retournez, mes filles ! Pourquoi viendriez-vous avec moi ? Ai-je encore dans mon sein des fils qui puissent devenir vos maris ? 12Retournez, mes filles, allez ! car je suis trop vieille pour appartenir à un homme et quand je dirais : Il y a de l’espoir pour moi, quand cette nuit j’appartiendrais à un homme et que je mette des fils au monde,13attendriez-vous pour cela qu’ils aient grandi, refuseriez-vous pour cela d’appartenir à un homme ? Non, mes filles ! car mon sort est plus amer que le vôtre, et la main de l’Éternel s’est abattue sur moi. » .

L’une a fini par écouter la voie de Naomie, tandis que l’autre s’est obstinée à la suivre :

Ruth 1 v. 14-16 : « 14Elles sanglotèrent encore. Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth s’attacha à elle.
15Noémi dit alors : Voici que ta belle-sœur est retournée à son peuple et à ses dieux ; retourne à la suite de ta belle-sœur.
16Ruth dit : Ne me pousse pas à te quitter, à me détourner de tes pas ! Où tu iras, j’irai ; où tu demeureras, je demeurerai, ton peuple est mon peuple, et ton Dieu est mon Dieu » 

Dans la mesure où obéir signifie « se soumettre à quelqu’un en se conformant à ce qu’il ordonne ou défend, ou se conformer à ce qui est exigé par autrui », tout peut porter à croire qu’Orpa n’a fait qu’obéir à sa belle-mère quand elle leur dit « retournez chacune à la maison de sa mère » ; en revanche tout porte aussi à croire que Ruth avait désobéi parce qu’elle refusa de se plier.

Cependant, il y a un détail qui noircit le tableau du côté d’Orpa :

Ruth 1 v. 15 : « voici ta belle sœur s’en est allée vers son peuple et vers ses dieux (…) ». 

Dieu avait interdit aux Israélites de fréquenter les Moabites à cause du culte qu’ils rendaient à Kemosh (un dieu assoiffé de sacrifices d’enfants) qu’il avait déjà pris la peine de frapper.

Nombres 21 v. 29 : « Malheur à toi, Moab ! Tu es perdu, peuple de Kemoch ! Il a fait de ses fils des fuyards et il a livré ses filles à la captivité, à Sihôn, roi des Amoréens. »
2 rois 3 v. 26-27 : 26 Le roi de Moab, voyant qu'il avait le dessous dans le combat, prit avec lui sept cents hommes tirant l'épée pour se frayer un passage jusqu'au roi d'Édom; mais ils ne purent pas.27 Il prit alors son fils premier-né, qui devait régner à sa place, et il l'offrit en holocauste sur la muraille. Et une grande indignation s'empara d'Israël, qui s'éloigna du roi de Moab et retourna dans son pays. »

Ce sont ces dieux moabites (entre autres) qui avaient détourné le cœur du roi Salomon à la fin de son règne. Leur culte est une horreur aux yeux de Dieu, à tel point qu’on parle même de « l’abomination des moabites » :

1 rois 11 v. 7 : « Alors Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de Jérusalem un haut lieu pour Kemosch, l’abomination de Moab et pour Moloc, l’abomination des fils d’Ammon ».

Cela n'avait pas empêché Orpa d’y retourner, elle qui avait pourtant entendu parler du vrai Dieu auprès de sa belle-famille pendant au moins dix ans[1]. Orpa n’avait apparemment pas voulu payer le prix de « quitter sa famille, sa patrie et la maison de son père » pour aller vers un pays que l’Eternel, le seul véritable Dieu pouvait lui donner en héritage.

Genèse 12 v. 1 : « L'Eternel dit à Abram : Quitte ton pays, ta patrie et ta famille et va dans le pays que je te montrerai. »

Son obéissance envers la recommandation de Naomie lui facilitait la tâche. De plus Naomie n’aurait pas pu obliger ses belles filles à la suivre, « pour rien », sans qu’elles n’y trouvent un intérêt personnel, en particulier le mariage puisqu’elle insiste sur point dans les versets 9 à 13. En un mot, Naomie n’avait plus rien à leur offrir. Aussi s’est-elle sentie obligé de les renvoyer. Orpa s’est pliée, comme pour acquiescer le fait qu’il vaudrait mieux faire marche arrière (même si cela implique de revenir vers un culte idolâtre) plutôt que de suivre une dame âgée et démunie, dans un pays inconnu. En fin de compte « l’obéissance » d’Orpa a été une obéissance quelque peu intéressée, une obéissance de désespoir. Elle traduisait le choix de vieilles habitudes par préférence au choix de l’inconnu qui pourtant aurait conduit au repos de Dieu.

Ruth a eu par contre une attitude inverse ; celle qui en apparence n’avait pas obéi à sa belle-mère, est celle qui finalement avait fait preuve d’une véritable fidélité par rapport à Orpa. En plus, son courage a été nourri par l’envie profonde de connaître le Dieu d’Israël dont elle avait entendu parler au cours de son mariage dans sa belle-famille. Probablement que son cœur battait lorsqu’on lui parlait de ses lois justes, de ses exploits, de son amour…rien à voir avec le dieu moabite Kemosch. Ruth avait sûrement envie d’en savoir plus sur ce Dieu. Elle s’est aussi et surtout intéressée à la situation de Naomie plutôt qu’à la sienne propre : tandis qu’Orpa a été prête à abandonner sa belle-mère (fut-ce sous ses recommandations), Ruth n’a pas voulu abandonner Naomie dans sa faiblesse. Pourtant, elle avait aussi une famille ; elle aurait pu aussi retourner vers Kemosch. Mais non, elle a pensé d’abord aux intérêts de Naomie avant les siens. En un mot, Ruth à l’opposé d’Orpa, avait obéi au même ordre que Dieu avait donné à Abraham dans Genèse 12 v. 1 ci-dessus : elle a tout quitté pour aller dans un pays qu’elle ne connait pas. Dieu l’a bénie, lui a donné un bon mari, et elle suscita à celui-ci une descendance, un ancêtre de Jésus-Christ homme. Le cœur de Naomie sa belle mère fut consolé.

Très souvent, Dieu cherche des personnes au cœur de Ruth : des personnes à qui on n’a pas besoin d’exprimer tous ses besoins intimes, mais qui les comprend parce qu’elles vous aiment sincèrement, parce qu’elle partage votre cœur. Ce sont là « les fils » de Dieu. Le fils connaît le cœur de son père ; raison pour laquelle même si le Père ne lui disait pas tout, il s’intéressera à ses attentes à Lui. Voici par exemple la prière d’un fils : « Père, que puis-je faire pour toi aujourd’hui ? Père quelles sont tes attentes ? ». Celui qui a l’esprit du fils observe et comprend le besoin, et il fait tout pour y remédier. On n’a pas besoin de courir derrière les fils de Dieu pour leur dire par exemple que leur Père céleste aimerait qu’ils soient fidèles dans sa maison ; on n’a pas besoin de courir derrière les fils pour leur demander de prier régulièrement ; on n’a pas besoin de courir derrière les fils pour qu’ils fassent avec amour leurs offrandes à Dieu. On n'a pas besoin de courir derrière les fils pour qu’ils s’abreuvent de sa parole.

Mais celui qui a la mentalité d’un esclave, même s’il semble obéir à Dieu comme Orpa avait « obéit » à Naomie, ne regarde que ses intérêts. Il fera ce que vous lui direz mais c’est juste parce qu’il y trouve son compte ; il ne verra pas plus loin que cela ; il ne verra pas les besoins de celui qui l’instruit.

Voyez par exemple le cas de Lot. Lorsqu’Abraham lui avait demandé de choisir le premier entre la gauche et la droite pour qu’ils se séparent, il sauta sur l’occasion pour choisir le pays qui semblait le plus fertile.

Genèse 13 v. 8-13 : 
« 8Abram dit à Lot : « Qu'il n'y ait donc pas de dispute entre toi et moi, ni entre tes bergers et les miens, car nous sommes frères.
9Tout le pays n'est-il pas devant toi ? Sépare-toi de moi. Si tu vas à gauche, j'irai à droite, et si tu vas à droite, j'irai à gauche. »
10Lot leva les yeux et vit que toute la plaine du Jourdain était entièrement arrosée. Avant que l'Eternel n’ait détruit Sodome et Gomorrhe, c'était, jusqu'à Tsoar, comme un jardin de l'Eternel, comme l'Egypte.
11Lot choisit pour lui toute la plaine du Jourdain et se mit en route vers l'est. C'est ainsi qu'ils se séparèrent l'un de l'autre.
12Abram s’installa dans le pays de Canaan, tandis que Lot s’installait dans les villes de la plaine et dressait ses tentes jusqu'à Sodome.
13Les habitants de Sodome étaient mauvais et péchaient beaucoup contre l'Eternel. »

A l’heure du choix, Lot n’avait pas forcément considéré qu’Abraham était son aîné, son oncle, le patriarche du clan ; il ne se fit donc pas prier, et a sauté sur l’occasion pour prendre ce qui paraissait être « la meilleure part ». Cependant, Abraham s’intéressait plus à la paix et à la préservation de son intimité avec Dieu ; il n’avait donc rien exigé, et avait laissé faire. À la fin, Lot avait beaucoup perdu à Sodome et Gomorrhe (une partie de sa famille et ses biens). Abraham quant à lui avait recommencé à entendre la voix de Dieu juste après le départ de son neveu.

Genèse 13 v. 14-15 : « 14L'Eternel dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : « Lève les yeux et, de l'endroit où tu es, regarde vers le nord et le sud, vers l'est et l'ouest. 15En effet, tout le pays que tu vois, je te le donnerai à toi, ainsi qu’à ta descendance pour toujours. »

Dieu nous laissera souvent le choix de faire ce que nous désirons parce qu’il n’impose pas sa volonté. Mais ce n’est pas parce qu’il n’impose pas sa volonté en nous laissant le choix qu’il ne désire pas au fond que nous regardions à ses intérêts à lui plutôt qu’aux nôtres. Cela doit venir de notre cœur.

L’esclave ne réfléchit pas de cette manière. Il ne fait qu’exécuter les ordres du maître sans plus. Ce que le maître ne lui a pas ordonné de faire, il ne le fera pas. L’essentiel pour lui, c’est qu’il fasse ce qu’on lui a dit pour qu’en retour il ait « son salaire ».

Le fils quant à lui ne cherche pas de salaire car ce qui est à son père est à lui. Les intérêts du père sont également les siens ; aussi se préoccupera-t-il de ce qui préoccupe son père.

L’esclave « obéit » par intérêt personnel, mais le fils obéit par amour désintéressé.

Voyez encore l’exemple de Balaam, le prophète de Dieu qui avait été sollicité par un roi moabite pour maudire Israël. Lorsque la délégation moabite est venue lui rendre visite avec des cadeaux pour le soudoyer, Balaam les avait accueillis en disant :

Nombres 22 v. 8 : « Balaam leur dit : Passez la nuit ici et je vous donnerai réponse d'après ce que l'Eternel me dira. » Les chefs de Moab restèrent donc chez Balaam. ». 

C’est comme si vous demandiez à Dieu s’il peut vous permettre d’aller faire du mal à quelqu’un qui est sous sa protection. Dieu dit d’abord à Balaam : « Tu ne les accompagneras pas, tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni. » (Nombres 22 v. 12). Mais après l’insistance de la délégation moabite revenuen une seconde avec plus de cadeaux, Balaam les accueillit une fois de plus, après avoir pourtant fait serment de rester fidèle à Dieu. Il dit aux Moabites :

Nombres 22 v. 18-19 : « (…) Même si Balak me donnait sa maison pleine d'argent et d'or, je ne pourrais absolument rien faire qui enfreigne l'ordre de l'Eternel, mon Dieu.19Mais maintenant, restez donc ici cette nuit et je saurai ce que l'Eternel me dira encore. ».

Dieu l’avait finalement laissé partir mais ce n’était pas sa volonté parfaite, puisqu’il envoya son ange sur la route de Balaam pour l’arrêter. Au fond, Balaam désirait ardemment rendre service à Moab contre salaire. Ceci montre qu’au verset 12, il avait obéi à Dieu mais à contre cœur. D’ailleurs il avait dit aux Moabites lors de leur première visite : « (…) l'Eternel refuse de me laisser vous accompagner. ». C’est comme s’il leur disait ceci : « j’aurai bien voulu venir avec vous mais Dieu n’est pas d’accord ; si cela ne dépendait que de moi, je serai venu avec vous ». Le Fils partage les sentiments du Père, de telle sorte que lorsque ce dernier refuse, il peut refuser aussi du fond de son cœur, sans regret. Il n’y a pas de dichotomie entre sa volonté et celle de son père. L’acharnement avec lequel Balaam s’en prend à son ânesse sur le chemin de Moab montre aussi sa détermination dans l’élan cupide. Pourtant si vous vous arrêtez à certains de ses propos quand il disait qu’il ne transgressera pas la loi de l’Eternel même contre grande rémunération, vous penseriez qu’il est un serviteur obéissant. Mais la vraie obéissance se fait avec une véritable intention de se soumettre, et non dans la contrainte. Si votre cœur n’y est pas, vous n’êtes pas en train d’obéir réellement. Vous faites semblant. C’est une soumission d’esclave, mais pas une soumission de fils de Dieu. Le fils de Dieu en se soumettant est libre, car il suit sans problème le mouvement du cœur du Père céleste. En revanche, l’esclave n’est pas libre en se soumettant, parce que son cœur ne suit pas le mouvement de Dieu. Leurs intérêts au lieu d’être fusionnels sont antinomiques. L’esclave cherche toujours à gagner une liberté parce qu’il se sent justement esclave. C’est pourquoi il a tendance à faire les choses par ses propres forces, d’où les rebellions. Tandis que le fils, parce qu’il est libre, n’a pas besoin de forcer quoique ce soit.

Nous avons été transportés dans un royaume d’amour en Jésus-Christ. Notre soumission à Lui doit donc se faire parce qu’on l’aime ; ne cherchons pas nos intérêts propres quand Dieu nous donne des instructions ; intéressons-nous à ce qui lui fait plaisir, et soyons prêts comme Ruth, à tout quitter pour Lui. Nous serons véritablement des fils du Dieu Très Haut.

Galates 4 v. 29-31 : « 29Le fils né par volonté humaine persécutait alors celui qui était né grâce à l'Esprit, et il en va de même maintenant encore. 30Mais que dit l'Ecriture ? Chasse l'esclave et son fils, car le fils de l'esclave n'héritera pas avec le fils de la femme libre. 31Ainsi, frères et sœurs, nous ne sommes pas les enfants de l'esclave, mais de la femme libre ».

Que cela soit votre partage.


Prière. Père céleste, donne-moi je te prie un cœur de fils, afin que je t’obéisse avec une bonne intention et, non dans la contrainte. Au nom de Jésus je te le demande. Amen.

[1] Ruth 1 v. 3-4 : «3Puis Élimélek, mari de Noémi, mourut, et elle resta avec ses deux fils.4Ils épousèrent des femmes moabites. Le nom de la première était Orpa et le nom de la seconde Ruth. Ils habitèrent là environ dix ans. »

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