II-LA MÉCHANCETÉ DE CEUX SUR QUI L'ON CRACHE.
A-LE CAS DE JUDA.
Dans le livre de Deutéronome 25 v 5-10, il est écrit :
« 5Lorsque des frères demeureront ensemble, et que l'un d'eux mourra sans laisser de fils, la femme du défunt ne se mariera point au dehors avec un étranger, mais son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme, et l'épousera comme beau-frère. 6Le premier-né qu'elle enfantera succédera au frère mort et portera son nom, afin que ce nom ne soit pas effacé d'Israël.
7Si cet homme ne veut pas prendre sa belle-sœur, elle montera à la porte vers les anciens, et dira : Mon beau-frère refuse de relever en Israël le nom de son frère, il ne veut pas m'épouser par droit de beau-frère.
8Les anciens de la ville l'appelleront, et lui parleront. S'il persiste, et dit : Je ne veux pas la prendre, 9alors sa belle-soeur s'approchera de lui en présence des anciens, lui ôtera son soulier du pied, et lui crachera au visage. Et prenant la parole, elle dira : Ainsi sera fait à l'homme qui ne relève pas la maison de son frère. 10Et sa maison sera appelée en Israël la maison du déchaussé.»
Selon la loi, les frères épousaient la veuve de leurs frères décédés sans descendance. De cette union, le premier né devenait le successeur du défunt, afin que le nom de celui-ci ne disparaisse pas. Cependant, si un beau-frère refusait d'honorer la mémoire de son frère défunt de cette manière, il était humilié par sa belle-soeur qu'il a refusé d'épouser : elle devait lui cracher au visage après lui avoir ôté les souliers; tout ceci devant les anciens.
En effet, il arrivait qu'une personne ne veuille pas donner de descendance à son feu frère par pure méchanceté. C'était comme s'il corroborait le fait que le nom de ce dernier disparaisse à jamais.
Épouser sa belle-soeur pour relever le nom de son frère était une mort à soi. C'était une manière de renoncer à sa personne, au droit de donner son propre nom à son enfant, pour l'honneur de son frère décédé. Mais c'était aussi pour Dieu, une épreuve d'amour. L'amour ne cherche pas son intérêt selon 1 corinthiens 13 v 5. Lorsqu'une personne entrevoie des relations avec autrui pour son propre intérêt, nous allons fatalement entrer dans le sentier de la méchanceté. Lorsqu'une personne refuse de donner de sa personne pour le bien de son propre frère, nous entrons encore dans le sentier de la méchanceté. C'est un cœur égocentrique, qui veut tout pour lui, et rien pour son frère. Et pourtant « Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Actes 20 v 35). Si Boaz le mari de Ruth avait agi de la sorte, il ne se serait jamais marié, n'aurait jamais eu d'enfant, et il aurait perdu l'occasion d'être compté parmi les ancêtres du messie Jésus. En effet, Boaz avait épousé Ruth, la femme de son frère Elimélek, par droit de rachat (1), après qu'un autre plus proche parent y ait renoncé (lire Ruth chapitre 3, et chapitre 4 v 13-22).
À l'inverse, Juda, le frère de Joseph fils de Jacob avait vécu dans sa famille une situation d'humiliation à cause du refus de susciter une descendance à un frère décédé. Dans Genèse au chapitre 38, nous lisons que Dieu fit mourir son fils Er parce qu'il était méchant; or ce dernier avait une femme du nom de Tamar. Son beau-frère Onan refusa de remplir son devoir.
Genèse 38 v 8-11 : « 8Alors Juda dit à Onan : « Unis-toi à la femme de ton frère, remplis tes devoirs de beau-frère envers elle et donne une descendance à ton frère. » 9Sachant que cette descendance ne serait pas pour lui, Onan perdait sa semence par terre lorsqu'il devait avoir des relations avec sa belle-sœur, afin de ne pas donner de descendance à son frère. 10Ce qu'il faisait déplut à l'Eternel, qui le fit aussi mourir.»
Juda avait un troisième fils, Shéla, et dit alors à sa belle-fille Tamar :
Genèse 38 v 11 : "« Reste veuve chez ton père jusqu'à ce que mon fils Shéla soit grand. » Il disait cela parce qu’il avait peur que Shéla ne meure comme ses frères. Tamar s'en alla donc habiter chez son père."
Quand Tamar se rendit compte que son beau-père ne voulait pas en réalité lui donner Shéla comme mari, elle utilisa la ruse pour « se faire justice ». Elle se déguisa en prostituée et se mit sur un chemin qu'il devait passer lorsqu'il alla à Thimna où elle vivait. Juda l'avait prit pour une prostituée et coucha avec elle. Tamar tomba enceinte de son beau-père et conçut de jumeaux. Quand Juda apprit que sa belle-fille était tombée enceinte, il voulut la faire condamner sur la base de la loi qui concerne les relations adultères :
Lévitique 10 v 20 : « Quand un homme commet adultère avec une femme mariée, cet homme adultère et la femme adultère seront mis à mort.»
Genèse 38 v 24 : "Environ trois mois plus tard, on vint annoncer à Juda : « Ta belle-fille Tamar s'est prostituée et la voilà même enceinte à la suite de sa prostitution. » Juda dit : « Faites-la sortir et qu'elle soit brûlée. »"
Il agit ainsi ne sachant pas que c'était lui l'auteur de la grossesse de celle qu'il avait pris pour une prostituée. Mais Tamar avait pris en gage les objets qui appartenaient à l'homme avec qui elle eut commerce, sûrement pour pouvoir se protéger en cas de condamnation.
Genèse 38 v 15-18 : « Juda la vit et la prit pour une prostituée, parce qu'elle avait couvert son visage. 16Il l'aborda sur le chemin et dit : « Laisse-moi avoir des relations avec toi. » Il ignorait en effet que c’était sa belle-fille. Elle dit : « Que me donneras-tu pour cela ? » 17Il répondit : « Je t'enverrai un chevreau de mon troupeau. » Elle dit : « Donne-moi un gage jusqu'à ce que tu l'envoies. » 18Il répondit : « Quel gage te donnerai-je ? » Elle dit : « Ton sceau, ton cordon et le bâton que tu tiens. » Il les lui donna. Puis il s’unit à elle et elle tomba enceinte de lui.»
Genèse 38 v 24-25 : "(…) Juda dit : « Faites-la sortir et qu'elle soit brûlée. » 25Comme on l'amenait dehors, elle fit dire à son beau-père : « C'est de l'homme à qui ces objets appartiennent que je suis enceinte. » Elle ajouta : « Reconnais donc à qui appartiennent ce sceau, ce cordon et ce bâton. »"
Quand Juda se rendit compte que c'était lui l'auteur de la grossesse de sa belle-fille, il eut honte. Il récolta le mépris en voyant sa propre prostitution subitement exposée en public. En voulant condamner Tamar avec qui il s'était prostitué, son forfait a été démasqué, et il réalisa qu'il avait fait pire qu'elle.
Genèse 38 v 26 : "Juda les reconnut et dit : « Elle est moins coupable que moi, puisque je ne l'ai pas donnée à mon fils Shéla. »"
Voilà comment Tamar fut sauvée de la mort.
Par cette circonstance, Dieu avait exposé la sournoiserie de Juda : il n'était pas prêt à donner son dernier fils Shéla à Tamar pour qu'il relève le nom de son frère Er. Pourtant, il avait ordonné qu'elle soit brûlée pour être tombée enceinte d'un autre homme (d'après ce qu'il croyait). Il avait agi comme s'il gardait effectivement Shéla pour Tamar. En réalité, en livrant Tamar à la mort, Juda semblait désirer au fond de son cœur que sa belle fille disparaisse afin d'être déchargé de l'obligation qu'il lui incombait de respecter la loi de Dieu. Tant que Tamar était en vie, l'hypocrisie de Juda risquait d'être exposé à n'importe quel moment. Étant morte, il ne se sentirait plus obligé de lui donner Shéla comme mari. Tamar avait donc finalement été pour lui un miroir de Dieu sur l'état de son cœur, l'amenant à cette réflexion : « es-tu prêt à donner ton fils à Dieu? Reconnais-tu que tes deux premiers fils Er et Onan avaient été méchants, et que c'est à cause de leur méchanceté qu'ils ont péri ? Acceptes-tu le jugement de Dieu sur leurs vies ? »
Cela fait écho aux deux fils du sacrificateur Eli qui furent tués en guerre, jugés par Dieu. Ils avaient l'habitude de profaner le temple. Par laxisme, leur père les avait laissé faire, comme s'il préférait finalement ménager ses fils plutôt que d'honorer Dieu.
1 Samuel 2 v 27-29 : « Un homme de Dieu se rendit vers Eli et lui dit : « Voici ce que dit l'Eternel : (…) Pourquoi traitez-vous avec mépris mes sacrifices et mes offrandes, ceux que j'ai ordonné de faire dans ma demeure ? Et comment se fait-il que tu accordes plus d’importance à tes fils qu’à moi ?»
Chaque fois que Juda pensait à Tamar, cela le ramenait à cette réalité de la méchanceté de ses deux premiers fils, et au jugement de mort qu'il subirent à cause de leur comportement. Peut-être ne voulait-il pas le reconnaitre parce que ces jugements le renvoyaient à sa propre méchanceté. Généralement, nous avons du mal à reconnaitre les torts d'une personne dont nous partageons le mauvais caractère. Quoiqu'il en soit, sa méchanceté a été finalement exposée, et le mépris vis-à-vis de la loi de Dieu (et vis-à-vis de Tamar) fut récolté. Certes ni Juda ni son fils Shéla ne s'étaient faits cracher au visage comme la loi le prévoyait à l'égard de celui qui refuse de relever le nom de son frère; cependant, l'affront que Juda avait subi en voyant son forfait être exposé en public faisait office d'ignominie. Le mépris qu'il voulait faire subir à Tamar était retombé sur lui : en voulant cracher sur elle, Juda s'était lui-même craché dessus.
B-LE CAS DE MYRIAM
(à suivre)
PRIERE : Père Eternel, donne moi un cœur sincère avec toi; je ne veux plus me défiler de mes obligations et ne plus jeter l'opprobre à autrui alors que j'ai mal agi à son égard en péchant contre toi. Aide moi à être honnête avec Toi et avec mon prochain. Je prie au nom de Jésus-Christ. Amen.
ESTELLE NDJENGUE.
(1) En Israël, Dieu avait institué le droit en vertu duquel le proche parent d'une personne pouvait racheter ses biens pour que l'héritage reste dans sa tribu, et qu'il n'aille pas dans une autre des douze tribus. Cela impliquait pour les femmes ayant par exemple hérité de leurs pères, d'épouser un parent de la tribu à laquelle leur père appartenait, pour que son héritage ne fonde pas dans une autre tribu, et que la tribu du défunt se retrouve dépossédé d'une part de son héritage. Voir Nombres 36 v 6-9 :
« 6 Voici ce que l'Éternel ordonne au sujet des filles de Tselophchad: elles se marieront à qui elles voudront, pourvu qu'elles se marient dans une famille de la tribu de leurs pères. 7 Aucun héritage parmi les enfants d'Israël ne passera d'une tribu à une autre tribu, mais les enfants d'Israël s'attacheront chacun à l'héritage de la tribu de ses pères. 8 Et toute fille, possédant un héritage dans les tribus des enfants d'Israël, se mariera à quelqu'un d'une famille de la tribu de son père, afin que les enfants d'Israël possèdent chacun l'héritage de leurs pères. 9 Aucun héritage ne passera d'une tribu à une autre tribu, mais les tribus des enfants d'Israël s'attacheront chacune à son héritage.»
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